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  • Photo du rédacteurÖtzi

L'éthique dans le tatouage Français en 2019

Dernière mise à jour : 31 janv. 2019

Comme tout domaine artistique, le tatouage a sa ligne de conduite. Mais contrairement à d'autre, le tatouage à connu un grand essor dans l'histoire contemporaine Française. Une popularité qui pose de nouvelles réflexions dans le milieu professionnel


Tatoueur traditionnel depuis 12 ans, Philippe a installé sa boutique à Toulouse en 2008. Adepte du tatouage traditionnel et spécialisé en calligraphie. Il se félicite de l’avènement du tatouage à notre époque. « Un travail accompli par tous les anciens », selon lui qui se sont battus pour qu’aujourd’hui tout le monde connaisse de près ou de loin cet univers. Mais derrière cette reconnaissance se cache un revers de la médaille qu’il a vu s’installer progressivement :

"La « mode » du tatouage a amené un grand nombre de personnes à vouloir un tatouage, mais aussi d’autres qui veulent devenir tatoueurs. La culture s’est popularisée extrêmement vite. Cela couplé au fait qu’il est très facile de se procurer le matériel nécessaire, je vois de plus en plus de salons s’ouvrir à des prix cassés. Il y’a un vrai problème qui s’est installé ."


La calligraphie ( spécialité de Philippe ) qui signifie "L'art de belle écriture". Photo du Instagram de Philippe


N'est pas tatoueur qui veut


Par problème, Philippe veut parler de la façon de devenir tatoueur. En 2018, un français sur cinq est ou a été tatoué. Mais il n’existe pas de statut socioprofessionnel pour le tatoueur qui est catégorisé comme travailleur libéral. Pour en devenir un, il faut passer une formation obligatoire de 21 heures portée sur l’hygiène et rien de plus. Un processus « ridicule et insuffisant » selon lui. « C’est impossible d’apprendre le nécessaire pour devenir tatoueur en si peu de temps ». Car au-delà de l’hygiène d’une importance évidente, cette formation est symptomatique de la place non reconnue des acteurs du métier par l’état.

"Ça n’a rien à voir avec le tatouage cette formation. Il existe un vide sur l’accession au métier de tatoueur qui n’est bénéfique pour personne. Plusieurs écoles ont ouvert pour proposer des formations en 35 ou 90 heures à plus de 2000 euros. C’est toujours des délais impossibles pour apprendre tout ce qu’incombe le métier. Le meilleur moyen pour organiser tout ça serait de faire accéder les tatoueurs à la maison des artistes. Ce qui permettrait à un collège de professionnel de dire qui est tatoueur et qui ne l’est pas. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas."




Le retour à un tatouage plus discret


Pour faire remonter cette situation dans le débat public, Philippe est un membre actif du SNAT ( Syndicat National des Tatoueurs ) fondé par Tin-Tin, entre autres organisateurs du Mondial du Tatouage qui se déroule à Paris. Contrairement à l’an passé, Philippe ne sera pas présent à l'Ink Factory de Lyon. Problème d’agenda, il s’envolera pour Milan à la place avant de partir pour Londres. Amateur des grandes conventions, il regrette néanmoins la multiplication de celle-ci, parfois à outrance.

" C’est dans la même teneur de ce que je disais. La multiplication des tatoueurs a entraîné une hausse des conventions. J’ai déjà vu en France des jours où il y avait 5-6 conventions le même jour. Ce qui entraîne forcément une baisse de la qualité, parce qu’ il faut bien remplir les stands et du coup ce sont les tatoueurs inexpérimentés dont je parlais qui sont sollicités. "

Derrière ces remarques volontairement alarmistes, Philipe adore toujours son métier et son art. Il souligne le cycle dans lequel le monde du tatouage se trouve : "Ironiquement on va retourner vers une certaine clandestinité. Toujours dans un cadre légal, mais avec ces mouvements, le bon tatoueur retrouve peu à peu son côté mystique. "


Retrouvez Philippe et ses travaux sur son Instagram


Thomas MONTEIL



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